Epigone Photographique
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Mon travail photographique porte sur la dynamique. Comment redonner du mouvement à des sujets inertes ? Comment transformer la morbidité propre à la photographie en une puissance de vie ? Comment enfin libérer l'œuvre photographique de la rigidité qui lui est souvent imposée ? Tels sont les questions et moments de mon travail.
Mes sujets sont toujours
statiques : des animaux empaillés, des arbres morts. Ce choix correspond d'abord
à mon goût pour ces vies perdues, oubliées, à la limite de la décomposition.
Il ne s'agit pas d'un bestiaire ou d'une collection mais d'éléments épars montrant
ce qu'il reste, ce qu'il y a une fois que la vie a déserté : l'inertie.
Mon travail
consiste à redonner une dynamique à ces objets inanimés, sans âme parce que
sans mouvement.
Les procédés que j'utilise
à cet effet sont multiples. Le chimigramme
me permet de donner une sensation de peinture aux photographies en utilisant
les outils et techniques du peintre. Le coup de pinceau ou de rouleau, l'empreinte
du doigt, la dispersion du jet d'eau, redonnent du mouvement et de la nervosité
à l'objet inerte.
La linotypie qui permet ensuite de passer
d'une image noir et blanc à une image en couleur me semble soutenir cette dynamisation
de l'image.
On assiste ainsi à la fois à une redynamisation
des sujets, motifs de mes photographies et de la photographie elle-même. Forme
de contenu (motifs) et forme d'expression (photo) se suivent pas à pas dans
la création d'un être et d'une image hybride.
Cette image hybride entre photographie et peinture d'un objet redevenu vivant, j'ai choisi de l'encadrer différemment. En effet l'encadrement classique (sous verre) ne me satisfait pas et me semble aller contre mon travail, ma recherche de dynamique. Les ressorts par contre signifient clairement la tension et le mouvement. Littéralement ils ne figent pas mon image, ne la protègent pas, mais tirent, étirent ma photographie en la vouant à une destruction progressive - mon support papier est fragile. Que le mouvement abîme, détruit, tord, salit c'est ce que montre ces ressorts.
Ma recherche de dynamique
(de mouvement, de vie) ne s'inscrit pas dans une tentative d'idéalisation, ou
re-création d'une vie pure, intouchable. Cette seconde vie, épigone, seconde
peau est aussi fragile, limitée, conditionnée (les chaînes) que la première.
C'est un second parcours qui tend à montrer ce qui se passe, ce qui passe.
Contact : b.granou@free.fr
